Marisol, une musicienne de longue date, est tiraillée : elle n’a pas de plaisir à pratiquer son art. Doit-elle arrêter ou se pousser?
Je l’invite à me décrire ce qui se passe quand elle se met au piano : j’me sens obligée d’en faire, mais j’ai pas le goût.
Ha, ha ! On dirait bien que ses élans naturels sont coincés entre les deux FF!
Dans le coin droit de l’arène, le fameux Il Faut et dans le coin gauche, son adversaire, le légendaire Fuck You !
Ces deux-là, l’obligation et la résistance ressentimenteuse, sont soudés ensemble comme des siamois : un ne vient pas sans l’autre.
Avec eux aux commandes, on se met de la pression pour répondre aux attentes -imaginaires ou réelles- de l’entourage et on résiste à ces contraintes en n’investissant pas sa vraie présence dans ce qu’on fait ou exprime : ennui garanti!
Je décris ces deux pôles à Marido et lui demande si ça colle à ce qu’elle vit : ouiiiii !
Pour l’aider à découvrir ce que cette bataille emprisonne de bon et de beau, je lui demande de regarder mes deux poings.
Je les place d’abord face à face comme des taureaux qui s’affrontent. Puis, je les écarte doucement en invitant Marifa à me dire ce qui émerge en elle quand elle porte attention à l’espace qui s’ouvre petit à petit entre mes deux poings.
Son visage s’éclaire à mesure qu’ils s’éloignent. Au bout d’un moment, émue et rayonnante, elle s’exclame : c’est la beauté, l’amour de la musique qui sont là!
C’était bien ça ! Ses élans amoureux et créateurs pour la musique étaient piégés entre les deux FF, ces deux pirates de la vraie présence amoureuse et créatrice si tripante!
Remarquez que son élan libérateur aurait aussi pu être : la musique ne m’anime pas, ce que j’ai vraiment le goût de faire c’est… Ce qui aurait fait de la place à ce qui l’allume réellement.
Très souvent, je rencontre des gens bloqués dans cette lutte stérile entre Il Faut et Fuck you.
Ils restent coincés entre leur désir d’être eux-mêmes et celui de plaire à tout le monde, leur volonté d’être libres et celle de contrôler comment les autres les perçoivent, leur besoin d’être aimés pour ce qu’ils sont et celui de rejeter ce qui ne répond pas à leur image de perfection.
Cette guérilla clandestine étouffe leurs élans les plus vibrants, les empêche d’assumer leurs besoins et leurs limites, de donner leur pleine présence à ce qui leur tient à cœur et de jouir de ce qui est bon.
Ils se plaignent de se sentir vides, éteints, perdus, tendus, imposteurs, prisonniers.
La clé : laisser mourir ses exigences de perfection, embrasser qui on est, libérer les élans qui nous font vibrer et donner sa pleine présence : joie garantie!
P.S. Aux dernières nouvelles, Mariré joue du piano avec bonheur, elle a même de la misère à s’arrêter!
La pratique
Vivez-vous aussi une situation où vous avez perdu vos élans, votre joie, votre vitalité, votre liberté d’être et de vous exprimer?
Imaginez qu’ils sont coincés entre les deux FF.
Pour vous mettre en accord avec ce qui vous habite maintenant, prenez d’abord quelques respirations, la main sur votre coeur, en disant Bienvenue à ce que vous vivez.
Mettez-vous ensuite en état de réceptivité en disant:
Je m’ouvre à la piste inespérée contenue dans ce que je vis maintenant.
Puis, mettez vos deux poings face à face et ouvrez-les très lentement en laissant émerger ce qui vient, sans juger ou forcer quoi que ce soit.
Recevez et laissez vous toucher par ce que vient spontanément.
Demandez-vous ensuite: est-ce que je préfère lâcher prise sur ce que les gens pensent de moi ou laisser tomber qui je suis et ce qui me tient à coeur?
Suivez alors les inspirations et les élans qui en découlent.
Je souhaite que ces pratiques vous animent et vous comblent de l’intérieur pour vous dégager du piège des deux FF où vous êtes en réaction à l’extérieur!
Merci! Tu tombes toujours pile! Les moments de sagesse et les exercices que tu nous partagent me permettent de sortir de la prison dans laquelle je m’enferme souvent… Merci de prendre le temps de me faire du bien!
🙂
S
Bienvenue, ça me réjouit de savoir que ça te libère de ta prison!
Denise xx
Bonjour Denise,
C’est amusant …
J’ai fait l’exercice, et puis rien! Est-ce que je suis supposée avoir eu un éclair de génie, me suis-je dit? Il ne se passe absolument rien!
Et finalement pour me dire, si il n’y a rien pourquoi te bats-tu? Il n’y a rien d’important qui justifie le fait de se battre, non, il n’y a rien.
J’ai pour quelques instants sortie de l’illusion qu’il y avait quelque chose qui n’était pas correcte dans ma vie, quelque chose que je dois changer à tout prix. Il n’y a RIEN de tel, TOUT a été inventé comme un roman.
Une autre question, pourquoi ce roman? Je ne suis pas trop à l’aise de dire que c’est peut-être parce que je ne veux pas me responsabiliser. Ouch! Mais non pas moi, voyons donc!!!
Merci Denise 🙂
Bienvenue Louise, et oui, des fois la meilleure chose à faire c’est d’accepter et d’apprécier ce qui est là, ça nous ouvre, nous détend et nous permet de recevoir ce qui est déjà bon en nous et autour de nous.
Et n’oublie pas: c’est responsabilité c’est s’offrir la liberté de se faire du bien avec ce qui nous arrive.
Denise
Hier matin, quand j’ai lu ton blogue, je croyais que tu pouvais me voir faire et que tu parlais de moins…toudoudoudou…toudoudoudou… IL FAUT que je fasse l’effort de créer et de faire avancer mon projet…FUCK YOU! je veux pas que ça me demande tant d’effort, je veux l’avoir et savoir ce que ça va donner tout de suite. Fait chier! Alors je prends le temps de faire ton exercice et Vlan! dans les dents les deux poings à la fois. Un merveilleux flot d’inspiration, une belle montée d’énergie et un sentiment amoureux envers moi et ceux qui m’entourent. Je suis remplie de gratitude et je donne si facilement le meilleur de moi-même. Je ne me compare pas, je n’envie pas, je suis qui je suis et c’est délicieux ainsi. J’ai remisé mes habits de lièvre toujours à la course et trop sur de lui et celui de chat de ruel batailleur et baveux et j’ai revêtu mon habit de tortue et j’aime ça. Douceur, lenteur et présence. Quand le lièvre me frappe dans le dos, je respire, je fais ta pratique et je continue à créer en me disant « Ce n’est pas de mes affaires ». Merci Denise.
Merci de ce beau petit conte urbain où le bon, le beau et le nouveau échappent à l’emprise du couple patibulaire et légendaire: IlFaut/Fuck you!
je suis contente que cette pratique du desserrage de poings te permette de persévérer dans ton projet, pas à pas, comme la tortue qui a finit la course avant le lièvre dans le fameux contre de La Fontaine.
Denise
Bienvenue Carlo. Vivre du surnaturel? Le naturel est tellement bon, ça vaut la peine de le laisser émerger de lui-même, on est toujours agréablement surpris.
Denise xx
chère Denise,
je ne regarderai plus jamais mes deux poings face à face de la même manière!!! Incroyable comment ce petit geste si fort de symbole des petites guerres en moi renferment de moments insoupçonnés. C’est fou parce que j’avais justement une conversation avec mon chum récemment sur cet habitude qu’il a de nommer ce qu’il adore faire par « il faut » et j’essayais de lui dire de procéder par « j’ai le goût »…. mais on peut pas forcer ça… tandis que ce que tu offres est tellement riche d’ouverture, d’accueil, de respect, de curiosité, d’amour, de vérité… merci Denise, je vais lui partager!
Bonne idée Rose! La merveille avec ce petit geste c’est qu’on peut le répéter souvent pour sortir de ses petites guerres et laisser émerger ce qui est coincé de beau, de bon et de nouveau entre les 2 FF.
Denise xxx
J’adore la créativité qu’il y a dans ton billet: tes dessins colorés et vibrants, la Marisol qui se transforme en Marido et Marifa… C’est frais au lieu d’être du réchauffé comme tu nous dis dans ton livre. Je me sens légère et tout sourire en te lisant.
Merci Denise pour toute l’inspiration que tu m’apportes.
Marie-Claude xxx
Merci Marie-Claude, je suis contente que ça te rende légère et souriante.
Denise xx
Oh! que je m’en souviens bien de cet instant. L’image est si forte… le visage de Marisol s’illumine tout à coup et est contagieuse!
C’est un exercice que j’ai répété seule à la maison à quelques reprises. C’est tellement beau et tendre ce qui sort de là… le coeur retrouve son élan, sa joie. C’est incroyable le nombre de fois ou je me retrouve coincée entre les deux FF. Je suis là-dedans en ce moment. Il faut que je fasse a.b.c.d.e.f….x.y.z et en même temps Fuck you, je ne vous donnerai rien. Je vais profiter de cette magnifique journée pour aller m’assoir dans la nature et faire cet exercice…
merci Denise
Eugénie XXX
Vive les coeurs en joie et en liberté Eugénie! J’espère que la nature t’inspirera des belles choses…
Denise xx
merci Denise pour belle histoire….elle me rappelle un beau souvenir:)….la pratique suscite beaucoup de choses en moi ce matin et je sens que j’ai de la misère à ne pas me juger en la faisant, comme si je devais vivre de quoi de surnaturelle. Mon dieu qu’il s’en passe des choses avec un exercice comme celui-là…je sens tout mon corps en être bouleversé. Ça commence fort pour un lundi!!!! merci Denise.
Gianxxx