Alerte à la bombe, je ne suis pas parfait(e)!
Je rencontre plusieurs parents en thérapie qui en arrachent avec leurs rejetons. Ils ont l’impression d’être tenus en otage par des Divas ayant suivi un entraînement intensif chez Al-Qaïda.
(Si ce n’est pas votre cas, prenez une situation ou une relation qui éveille votre Hulk intérieur ou qui vous donne le goût d’aller faire un somme sur la voie ferrée.)
Ces parents se sentent ligotés, déroutés, condamnés aux travaux forcés. Ils oscillent entre redoubler d’effort, péter les plombs, faire la grève ou se cacher sous leur lit. Ils ignorent qu’ils sont à l’orée d’un heureux renversement, s’ils osent être vulnérables et plonger dans l’inconnu pour libérer leur vraie présence.
Je comprends ce qu’ils vivent, je suis passée par là. Il y a 34 ans. Je manquais tellement de sommeil et de temps pour moi que, comme je l’ai déjà dit, je fantasmais de faire cuire mon bébé pour souper. Il faut vraiment être à bouttt!
Par chance, j’ai eu une inspiration (du Cœur Créateur, c’est sûr!) qui m’a éclairée sur les rouages de cet enfer autogéré.
À bout de souffle et de ressources, j’ai un jour lâché prise sur mon besoin de gagner le marathon de la mère parfaite. J’ai accepté que je n’en pouvais plus d’accourir pour faire cesser les pleurs de mon fiston comme s’ils étaient une alerte à la bombe.
En réalité, la bombe c’était un ne pas qui se cachait dans mes agissements. Je pédalais et répétais les même comportements stériles pour fuir ma culpabilité de ne pas être à la hauteur et faire taire ma honte de ne pas être assez.
C’était forçant en titi, mon vrai jus manquait au rendez-vous, je me le reprochais, redoublais mes efforts et quand ça ne marchait pas j’en voulais à la vie de m’avoir envoyé un tel rejeton… et me sentais coupable. Oh, le beau cercle vicieux!
Il était grand temps de m’aimer avec mes imperfections, mes limites et mes besoins pour libérer ma présence authentique et l’offrir à mon bébé. La merveille c’est que c’est la chose dont il avait le plus besoin pour se sentir aimé, entouré.
Ô miracle! Le jour où j’ai enfin lâché, mon p’tit morpion a dormi comme un ange dans son berceau sur le balcon. Tout seul, comme un grand, deux heures d’affilée, une première! Bon, il a eu un coup de soleil mais il faut bien faire une offrande aux dieux de la perfection pour qu’ils nous laissent la vie sauve.
Voilà pourquoi, quand ces parents démunis répètent comme une litanie, qu’est-ce que je dois faire ou dire, ne pas faire ou ne pas dire, je leur redis en boucle, ce n’est pas une question de faire, c’est une question d’être.
C’est le temps d’explorer le fameux tandem Qui et Pourquoi, dont je parle dans le Cœur Créateur. Qui veut absolument faire ou dire quelque chose et Pourquoi?
Le chat sort alors du sac : un beau gros ne pas se cache derrière leurs efforts.
Je leur rappelle que dire oui et à ce qui nous fait du bien c’est aussi dire non et à ce qui ne nous épanouit pas. Non et…je suis à la trace ce qui me rend présent, vibrant, ouvert, pour la plus grande joie de tous.
Au contraire, chaque fois qu’on s’oblige à répondre aux attentes extérieures (réelles ou imaginées), on développe un beau capital de ressentiment et on prive les autres de sa vraie présence en retour.
Je vous invite donc à vous poser les questions qui suivent :
– Qu’est-ce que ce je m’oblige à être ou faire pour que les autres m’apprécient, m’admirent ou m’aiment?
– Comment je réagis contre cette obligation?
– Qu’est-ce que je rejette alors de moi et quelle honte je nourris ainsi?
Demandez-vous ensuite :
– Qu’est-ce que j’ai besoin de me permettre d’être, de sentir ou d’exprimer pour ne pas en vouloir à telle personne, telle situation et leur donner ma présence vibrante et authentique ?
Osez embrasser et exprimer ce qu’il faut pour libérer votre flot créateur amoureux et la qualité de votre présence fera des miracles.
Du même coup, vous libérerez vos proches du rôle de bourreau que vous leur assignez, les murs, les ressentiments et les masques tomberont, le flot créacoeur jouera à saute-mouton parmi nous et le Cœur Créateur rira dans sa barbe!
Allô Denise,
Je n’ai peut-être pas d’enfant mais ton dernier billet s’adressait quand même à moi. Mon « hulk » intérieur est rempli de haine et ces jours-ci, il se manifeste au travail. Tout comme M.C. j’ai envie d’être la « plus » meilleure, la « plus » parfaite. Je me mets des attentes irréalistes basées non pas sur ce que j’ai envie de donner mais sur « ma belle grande image!. Ce qui fait que j’ai pas envie de travailler (même si j’adore mon travail). Dès que j’arrive au boulot, je me sens mal, fébrile avec l’envie d’être ailleurs. Et là, ben oui, je me sens coupable parce que je ne donne pas le meilleur de moi. Je suis coincée. Grâce à toi, j’ai découvert ce qui se cache derrière ça: la HAINE… une partie de moi qui est en train de sortir de l’ombre et qui a envie de punir tout le monde. C’est pas très confortable intérieurement… j’essaie quand même de créer et d’aimer à partir de tout… y compris cette haine qui m’habite. Hier soir en me couchant, inspirée, j’ai laissé sortir émerger un flot de créativité… et voici ce que ça a donné:
LE RAP DE LA HAINE
(on s’auto accompagne avec 2 casseroles de cuisines tournées à l’envers et des cuillères de bois:
Et pour la version plus sophistiquée, ça donne:
LE TANGO DE LA HAINE
(à capella. Cette version est dansée sur un air imaginaire de tango)
la haine me bouffe
la haine m’étouffe
à reprendre en choeur ou en Coeur, c’est selon! En choeur si on a un auditoire… en Coeur si on est seul
elle coince mon coeur dans une prison
chaque barreau a un nom
-perfection
-ambition
-suspicion
-trahison
elle enferme derrière un mur de béton
mes élans, mes passions
ma compréhension
mon abandon
la haine me bouffe
la haine m’étouffe
dans mon corps, la haine fait des ravages
ça bloque
ça fait mal
j’ai mal
ma tête veul éclater
mes poumons aimeraient ça respirer
ma digestion est jammée
pis dans ma tête, c’est encore pire
les idées noires transpirent
je déforme la réalité, je l’empire
la haine me bouffe
la haine m’étouffe
la haine m’isole
la haine me rend folle
la haine elle me coupe de moé
la haine elle me coupe de toé
j’veux pas t’aimer
j’veux juste me venger
j’veux rien te donner
la haine me bouffe
la haine m’étouffe
la haine m’empêche de dormir
j’suis trop occupée à haïr
pis j’aimerais ça te punir
ça me fait chier de l’assumer
mais c’est moins pire que de la cacher
quand je suis capable de la nommer
ça débouche sur la créativité
la haine me bouffe
la haine m’étouffe
j’sais pu si j’haïs ça haïr
ou si j’aime ça haïr
tout ce que je sais c’est que je suis fatiguée
j’ai la nausée
j’suis écoeurée
j’suis épuisée
j’en peux plus de me battre
la léthargie me frappe
pis si j’laissais tomber mes masques?
qui rendent ma vie opaque
peut-être que j’pourrais aimer
peut-être que j’pourrais laisser entrer
ceux qui veulent m’aimer
pis qu’à mon tour j’pourrais leur dire merci
merci d’être dans ma vie
merci d’être dans ma vie
merci d’être dans ma vie
la haine me bouffait
la haine m’étouffait
pis quand je me tais
j’ai enfin la sainte paix!
Merci chère Kali de ce rap improvisé et de ces commentaires qui ouvrent des nouvelles portes.
La création pour amener l’ombre dans la lumière avec plus de légèreté c’est aussi guérissant que réjouissant.
Bravo pour ce saut rapé dans ta vérité vibrante!
Denise
P.S. et vive l’humour en folie des casseroles et des cuillères, rien de mieux pour déjouer notre mental isoloir qui se prend beaucoup trop sérieux!
C’est d’ailleurs le sujet de mon billet pour demain…
Voici les commentaires qu’une participante m’a envoyés par courriel suite à ce billet et qui m’a donnée la permission de le publier ici.
Je crois que ça peut vous éclairer sur ce que peut soulever la pratique ci-dessus et comment ça peut libérer d’exprimer sa vérité, belle ou pas, dans l’intention de s’ouvrir et de découvrir.
Si vous lisez jusqu’au bout vous, vous verrez qu’en définitive on résiste à avoir besoin des autres, non pas pour remplir notre vide, mais pour libérer le meilleur de nous et le leur offrir en retour.
Pourquoi? Parce que ça nous rend vulnérables, ouverts, sans contrôle et ça détruit du même coup nos faux sentiments d’auto-suffisance, de supériorité (et d’infériorité) et nos murailles.
Merci M-C!
Bonjour Denise,
Ayoye! J’ai une peur en te lisant, j’imagine des big brother qui repèrent les courriels qui parlent d’abus des enfants etc… et je me dis, ils vont faire une descente chez toi! Faire cuire ton bébé etc…
Jusqu’où je peux aller avec cette importance à ce que les autres peuvent penser!!
Encore une fois, la synchronicité est au rendez-vous. Hier, mon bébé à moi, c’était la société au grand complet. J’en voulais à la société d’être pas assez ceci et cela. Pourquoi suis-je née à cette époque d’épais, mes parents n’ont même pas été foutu de savoir la base des choses à savoir pour être un humain digne de ce nom, etc…
Pour finalement réaliser, en me rapprochant de moi que j’avais de la colère-peine de ne pas avoir été parfaite moi-même à un certain moment dans la journée, devant mes collègues et en plus devant une collègue qui participe à mon cours. Je n’ai pas été assez ceci, cela, etc…
Ça me gruge encore cette idée d’être parfaite. je donne encore tellement d’importance à ce que les autres pensent de moi. Quand je pense à ça, je sens un mélange de peine et de colère, peine de ne pas laisser couler les choses simplement pis une colère de ne pas être parfaite encore là!
Je m’oblige à être parfaite, à avoir la bonne réponse à tout, à être au-dessus de mes affaires pour qu’on m’admire et qu’on m’aime.
Comment je réagis à cette obligation? Crisse, ça me met en ostie! C’est épuisant tout ça! Faut que je me torde pour y arriver. Pis pourquoi moi faut que je sois parfaite! Les autres ils ne le sont pas pis je ne les haïs pas pour autant!
C’est mon humanité, ma vulnérabilité, mon petit mou que je squeeze et que je cache. La honte que je nourris? J’ai honte de ne pas avoir le courage d’être vraie. J’ai honte de me cacher comme ça. J’ai honte d’être vulnérable pis en même temps j’ai honte de m’en cacher.
Pour me permettre d’être et pour m’organiser de ne pas en vouloir à personne qu’est-ce que je peux faire? me permettre d’être vulnérable au fur et à mesure, laisser de la place à mon petit mou.
Je vais oser aujourd’hui embrasser ma vulnérabilité (j’espère qu’elle n’est pas trop poilue), embrasse mon petit mou dans l’action. À suivre.
Tiens, pour oser embrasser ma vulnérabilité ici même, je voudrais te remercier, mais ça coince en dedans. Faut pas exagérer quand même!
Ça me fait du bien de te dire tout ça, c’est vrai. Tiens, j’embrasse une partie de moi en te le disant et ça me fait du bien.
Merci d’être là Denise, avec tout ce que tu nous apportes.
Ahhh! Ça me réjouit de savoir l’effet que mes billets ont sur ton esprit, ta rate, ton coeur et ta vie.
Je me demandais si tous y trouveraient leur compte étant donné qu’ils ne vivent pas la même situation et tu viens de me répondre, merci!
Denise
J’apprécie chacun de tes billets mais celui-là vient de me faire rire en masse! J’adore quand tu m’aides à me moquer de moi-même en voyant mes travers par le miroir de tes exemples si imagés. Je n’ai pourtant même pas d’enfants mais ta façon de raconter cette histoire permet à chacun de se reconnaître. Le message passe, laisse sa trace, mais sans douleur, me laissant un sourire tranquille dans la face… une bien belle façon de commencer une journée!
Merci!