Dans ce chapitre 4, Solange se fait titiller le désir grand D, apprend ce qu’elle doit faire pour que son inspiration ne coule pas à pic, réalise pourquoi elle a deux baguettes chinoises et découvre le désir d’un biscuit chinois. J’ai titillé votre curiosité? Eh bien lisez maintenant :)!
Les désirs occultés d’un biscuit chinois
Par chance, Marie m’a soudain chuchoté qu’elle devait visiter le p’tit coin des besoins à son tour. Vive les toilettes! Ça me donnait un peu de temps à moi pour absorber cette histoire à dormir debout… Mais dès que je l’ai vue descendre les marches pour se rendre à la salle de bains, j’ai été plongée dans un souvenir de Rocheville comme dans une bulle de bande dessinée. J’ai sept ans et des tresses à la Kateri Tekakwita. Je m’enferme dans la chambre de bains, je prends un bout de savon Ivory, et j’écris dans le miroir de la pharmacie des phrases de mon manuel de lecture qui n’ont rien à voir avec ma réalité : Odilon adore Lili, maman lave le rutabaga, papa fait des volutes avec sa pipe. Tant qu’à y être, je m’amuse à broder quelques variations sur thème : Lili fume sa pipe, papa lave le rutabaga, maman adule Odilon. Jouer avec ces mots m’enchante au plus haut point, mais mon frère aîné cogne à la porte pour me faire sortir de là. Comme si j’étais prise en flagrant délit, j’humecte une débarbouillette et j’efface ces fruits défendus à toute vitesse. Est-ce que la soif des mots élixirs m’habitait déjà?
Le retour de Marie m’a éjecté de ma bulle Ivory et m’a fait revenir au présent. C’était le temps de reprendre mon travail de journaliste et de savoir pourquoi elle avait choisi Val-de-Grâce comme destination.
— No lo se. Mais j’priais pour que ton village serait peut-être ma dernière déportation sur terre. Ça m’a enlevé une épine de la couronne de stress.
— Vous me faites rigoler! Ça vous a soulagée si je comprends bien?
— Oui, mais mes craintes étaient pas parties fumer ailleurs. J’savais pas quelle étoile suivre pour trouver ma route dans un corps à corps avec une écrivaine étrangère.
L’écrivaine étrangère était loin d’être certaine de vouloir un corps à corps avec cette martienne!
Tout à coup, Marie a levé les bras et lâché un cri aïgu. À la table derrière elle, quelqu’un avait échappé et cassé un verre sur le sol de ciment noir. Le bruit avait fait une entaille éclair dans le fil continu de la musique orientale qui jouait en arrière-plan. Toutes les têtes se sont tournées en même temps, comme si elles suivaient un joueur de hockey qui patine à toute allure pour rentrer la rondelle dans le filet. Un porte-poussière rouge dans une main, un mini-balai dans l’autre, Ting-Ting est sortie de la cuisine, un sourire clément aux lèvres. On aurait dit une ambulancière qui se précipite au secours d’un blessé. J’ai entendu Marie s’exclamer : « Ah! J’espère que l‘homme s’est pas zigouillé quelque chose! » Elle se souciait de lui comme s’il était un ami proche. Moi, j’étais juste curieuse de voir comment il allait réagir à sa gaffe. Ce contraste m’a poussée à lui demander pourquoi, parmi tous les résidents de Rocheville, elle m’avait choisie, moi.
J’ai été abasourdie d’apprendre qu’un beau soir, le triste visage de mes 11 ans lui était apparu avec mon grand corps gauche, mes prénom et nom de famille, puis mes cahiers d’écriture.
— Ce sont vos cahiers-bouées et la flamme de votre désir grand D qui m’ont allumée.
Bondance! Elle m’avait vue autant dans mon désarroi d’enfant que dans mon amour précoce de l’écriture! Mais ce désir grand D, c’était quoi au juste?
— Désir grand D? En lien avec l’écriture ou un amoureux?
— Ah! Ah! Avec l’écriture amoureuse, mon enfant. Ranimer la batterie de l’inédit pis la flamme du cœur, ça vous sonne des cloches?
J’ai hoché de la tête et émis une faible mmm…
Je ne comprenais pas comment Marie pouvait si bien traduire des aspirations qui m’habitaient obscurément, que j’avais occultées depuis belle lurette. Vers la fin de ma vingtaine, par une belle journée d’automne, j’avais loué un chalet à Val-Morin pour amorcer un vrai projet d’écriture. J’allais confier à Marie que c’est là que j’avais ressenti, pour la première fois, ce désir grand D d’une écriture amoureuse comme elle le disait. Mais son attention a été détournée encore une fois par Ting-Ting qui revenait dans la salle à manger. Marie a fait semblant de sonner une cloche en chantant d’une voix haut perchée : « Ting-Ting, Ting-Ting, Ting-Ting. » Celle-ci est accourue en répondant gaiement, tout essoufflée : « Me voilà, me voilà! »
En plongeant prestement une main aux ongles violets dans le petit sac noir autour de sa taille où étaient son carnet de commandes et son stylo, elle nous a demandé si on désirait autre chose. Avec l’air enchanté d’une enfant devant un nouveau jeu, Marie s’est exclamée : « Oh! Y’a encore autre chose? J’voulais juste vous dire Bye! Bye! » Après avoir appris qu’elle avait droit à un thé au jasmin et à un biscuit chinois, elle a ajouté : « Vous aimez beaucoup le jasmin ici Ting-Ting? Ça sent trop bon! J’ai jamais été gâtée d’un biscuit chinois! Oui j’en veux merci, merci!»
J’aurais voulu être l’archange qui annonce à Marie que les biscuits chinois contiennent de courts messages divinatoires. Mais Ting-Ting, qui s’ouvrait à son contact comme un tournesol au soleil, m’a damé le pion. Devinez ce que Marie lui a répondu? Eh! oui! « Ôôôh que c’est charmant! »
La serveuse est repartie. Ce n’était pas trop tôt, leurs mamours commençaient à me tomber sur les rognons. Marie ne tarissait pas d’éloges à son égard : « Ah! trop cute avec ses ongles déguisés en violettes! Cette belle jeunesse de Chine, je l’adopterais demain matin! » Ouais, facile d’idéaliser cette belle jeunesse de Chine… immigrée en Occident! Marie avait peut-être été mise au courant de l’histoire d’ici, mais on voit qu’elle n’avait jamais entendu parler de Mao Tsé-Toung et de ses gardes rouges.
Par chance, elle ne s’est pas appesantie sur le sujet. Elle est vite revenue à mon désir grand D.
— Depuis ce vœu vous a glissé du cœur, pas vrai Solange?
Je ne pouvais pas croire qu’elle avait vu ça aussi. Qu’elle soit sainte ou non, c’était une personne hors du commun. Piteuse, j’ai dû lui avouer que c’était vrai. J’étais étonnée de sentir ma voix trembler. Marie a dû se rendre compte de mon émoi. Avec un sourire chaleureux, elle a caressé mon bras.
— Les Poètes Sans Fils m’ont dit que c’était parfait pour nous deux. C’est pas rien que votre souhait en solo qui peut être rassasié par l’alliage de nos coeurs, le mien itou.
L’espoir de donner un second souffle à mon beau désir a surgi sans crier gare. Une nostalgie poignante m’a envahie. Le cœur m’est monté dans la gorge. Malgré tout, j’aimais comment cette Marie parlait des mots élixirs. Ça me réconfortait. Avec elle, j’avais peut-être une chance de retrouver leur magie. Elle m’a ensuite expliqué dans ses mots que, selon ces fameux PSF, chacune de nos rencontres était une réponse et un élixir potentiel. Une sorte de porte d’entrée vers les désirs et les dons de nos cœurs. L’idée me séduisait. Ça réveillait l’espoir de celle en moi qui voulait encore croire à la beauté et l’harmonie du monde.
Mais je ne voyais pas comment mon ex, avec qui je m’étais chamaillée à bouche que veux-tu, pouvait être une porte d’entrée vers les désirs de mon cœur. Même si on était restés amis, je lui en voulais encore de l’échec de notre amour qui avait pourtant commencé comme un conte de fée. Mon Prince charmant s’était peu à peu transformé en crapaud à mes yeux. Depuis, je me sentais comme Cendrillon dont le carrosse s’est changé en citrouille et je cherchais un Prince de rechange. J’avais d’ailleurs remarqué un homme à mon goût en allant aux toilettes. Les cheveux et la barbe d’un beau gris argenté, il semblait bien baraqué comme je les aime. Il mangeait seul, à une table un peu plus loin de biais avec la nôtre, en lisant son Devoir. Depuis, je lui jetais des coups d’œil à la dérobée dans l’espoir qu’il me remarque. Quand j’ai repris la parole, Marie a haussé les sourcils l’air étonnée. Bondance! Sans m’en rendre compte j’avais levé le ton et exagéré mon enthousiasme pour qu’il me regarde:
— Comme ça tout peut devenir un élixir et une réponse à ce que notre cœur désire. On nage en plein conte de fées ici Marie, non?
Avant que je m’enflamme trop, elle a précisé :
— Oui, nos face à face c’est des invitation pour le génie du coeur, mais oubliez pas qu’y faut traverser les trois portillons pour le réveiller, sinon tout va couler à pic et votre inspiration va piquer du nez.
Hey! Comment ça mon inspiration va piquer du nez? Les PSF vont lui lancer des torpilles? J’aimais pas mal moins ces portillons que je ne connaissais ni d’Ève ni d’Adam, et qui menaçaient mon désir d’écrire un livre à succès.
— Vous ne m’aviez pas dit ça! Franchement Marie, je ne sais même pas de quoi les portillons vont avoir l’air, encore moins comment les traverser.
— Moi non plus! Tout ce que les PSF m’ont annoncé, c’est qu’y faut les traverser pour vivre au pays où tout complote pour répondre à nos vœux éperdus d’amour.
Je détestais ne pas savoir où je m’en allais, encore moins si l’issue du voyage était incertaine. Si je n’avais pas été aussi intriguée et mal prise, j’aurais tourné les talons.
— Belle manière de me faire avaler la pilule de vos fameux portillons!
— Oui, comme votre sirop d‘érable sur vos beans… y m’ont annoncé aussi que le premier s’appelait Réel magicien.
— Réel magicien? Ah bon! Est-ce que ce magicien mange des beans au sirop d’érable lui aussi? Ou il sort un lapin de son chapeau? Et les deux autres?
— Les autres, on va les dénicher à mesure. On s’en va dans l’inconnu c’est pour ça qu’y faut se tenir. Sinon on est défaites.
D’une seule main, Marie a pris deux baguettes chinoises dans le pot en vitre devant elle, comme elle m’avait vue le faire en mangeant. Qu’est-ce qu’elle traficotait? Elle voulait sans doute commander un autre plat pour s’entraîner à manger à la Mao. Mais non! Elle les a brandies en me faisant un clin d’œil :
— On est comme ces bâtons, essayez de manger avec juste un, vous m’enverrez des nouvelles!
— Ha! Ha! Vous avez des exemples pas piqués des vers, vous!
Elle m’a tendu la main au-dessus de la table en souriant de toutes ses dents.
— Oubliez pas qu’on va entrer dans un conte ensemble, ça vous met pas en appétit?
Oui ça m’ouvrait l’appétit et la chaleur de sa main me faisait du bien. Mais ne pas avoir le contrôle et ne pas arriver à mes fins toute seule me faisait bad triper. Par contre, je ne me voyais pas retourner en arrière et retomber dans mon marasme. J’étais prise au piège.
— Mais comment on va faire pour les traverser, ces mausus de portillons?
Le croiriez-vous, cette fois ma question est restée en suspens parce que la Simone d’à côté est venue faire la bise à Marie avant de quitter le resto avec ses proches. Je me serais sûrement bidonnée d’entendre la réponse de notre nouvelle Vierge populaire si cette dame lui avait demandé sa carte de visite. Mon doux qu’elle faisait vieillotte cette Simone bien en chair dans la soixantaine! Avec son chignon à l’ancienne et son veston-pantalon en fortrel brun qui faisait saillir sans gêne ses bourrelets, j’aurais juré qu’elle faisait partie du Cercle des Fermières du coin.
Marie a pris sa main : « Vous gonflez mon bonheur! » Elle avait les yeux aussi brillants que si elle venait de recevoir le prix littéraire du Gouverneur général ou qu’on l’avait branchée sur le 220. On aurait dit que l’air autour d’elles était devenu chaud et liquide et notre banquette émeraude scintillait tel un bijou. Le grand cœur échevelé se lançait-il dans la décoration intérieure ou la serveuse du Dragon Vert avait-elle mis des champignons magiques dans mon pad thaï? À moins que mon sorbet baptisé par la salive de Marie commence à faire effet… Quand Simone est disparue dans son nuage d’eau de Cologne de Coty, j’ai pensé : si ça continue comme ça, Marie va décrocher le titre de ‘Miss Dragon Vert’!
J’étais impatiente de revenir à nos moutons-portillons. Je devais au moins savoir comment on allait s’y prendre pour les reconnaître.
Les yeux remplis de tendresse, elle a rétorqué :
— On va être au courant. C’est comme quand on tombe en amour, on allume!
Moi qui voulais toujours tomber en amour, mes neurones se sont allumés d’un coup! Soudain, j’ai réalisé que je ne savais rien d’elle. Je lui ai demandé tout de go quel était son désir grand D. Était-il aussi en péril que le mien?
— Marie, il ressemble à quoi votre plus grand souhait?
— Retrouver les miens dans l’azur.
Je n’ai pas osé lui demander si elle vivait vraiment au ciel ou si elle me parlait d’une version éthérée de la Côte d’Azur. De toute façon, quelle que soit sa réponse, je n’aurais pas été prête à la croire aveuglément.
— Et si on ne passe pas le test des PSF, vous ne pourrez pas retrouver les vôtres?
— J’sais pas trop où j’vas retontir.
Je rêvais ou quoi? Ce serait moi qui aiderais Marie à remonter au ciel? Quelle promotion spirituelle! Par contre, comment y arriver?
— Ce que vous êtes en train de me dire, c’est que ça ne vous emballait pas de plonger dans l’humanitaire pratico-pratique?
— C’était pesant sur mes épaules. J’étais tanné d’être une potiche mais j’ragoûte pas de l’incarnation au fond des ruelles,
— Qu’est-ce qui vous a poussé à accepter quand même?
Pour la ragoûter et pour qu’elle fasse vibrer mes cordes sensibles, les PSF l’auraient incitée à prendre des cours de danse, de poésie, de chant et même de slam, d’humour et d’improvisation.
— Ça a dû être tout un apprentissage pour vous…
— Oui! Ça a l’air qu’y fallait que j’me fasse aller et que j’sois coulante comme l’eau parce que quand ça danse pas dans le corps, ça groove pas nulle part. J’étais au huitième ciel!
J’ai bien vu ça. Marie s’est levée de sa banquette et s’est trémoussée comme une fillette qui n’en peut plus d’être sage. Sa serviette de table verte est tombée sur ses baskets jaunes comme un confetti. Spontanément, elle s’est mise à chantonner : ‘Ma petite est comme l’eau, elle est comme l’eau vive’… Ahurie et gênée, j’ai jeté furtivement un regard à la ronde pour observer les réactions des autres clients. Les quelques sourires amusés que j’ai rencontrés m’ont rassurée.
Tout à coup, j’ai entendu la voix d’une enfant se joindre à celle de Marie. Je croyais rêver. Lili-Rose, ma petite Haïtienne préférée de Val-de-Grâce s’est avancée dans l’allée en se dandinant avec ses lulus sautillants.Elle m’a souri. Ses fossettes m’ont toujours fait craquer. Je n’ai pas eu le temps de lui dire bonjour, Marie lui a aussitôt tendu une main. Lili-Rose l’a prise sans hésitation pour balancer ses bras chocolat au même rythme qu’elle en chantant d’une voix juste : ‘Courez, courez, vite si vous le pouvez, jamais, jamais, vous ne l’attraperez’… C’était à qui, de Marie ou de Lili-Rose se balancerait avec le plus d’entrain.
Je trouvais ça cucul sans bon sens. Attablés près de nous, certains ont commencé à fredonner la chanson de Béart. Le comble, mon beau Prince a levé le nez de son Devoir et s’est mis à chanter de bon cœur avec les autres! J’étais estomaquée. J’ai bien été obligée de chantonner moi aussi, du bout des lèvres, par contre. Pourvu que personne n’ait vu mon malaise! Moi qui ai toujours rêvé de chanter en groupe, je n’ai jamais su comment me départir du quant-à-soi que je tenais de ma mère et qui avait gâché sa vie. À voir l’effet que Marie produisait sur son entourage, je me suis dit : non seulement le ridicule ne tue pas, mais il attire des fans. Je l’avais-tu pas l’affaire!
À la fin de la chanson, la grand-mère de Lili-Rose lui a fait signe de la rejoindre pour retourner à l’école. Devant la porte de sortie, Lili-Rose nous a envoyé chacune un baiser. La voir glousser de plaisir quand Marie a soufflé sur le sien comme si c’était un pissenlit m’a agacée. Qu’on ne vienne pas me dire qu’elle avait appris à faire ce geste affectueux sur sa Côte d’Azur!
Visiblement amusée, Ting-Ting est arrivée avec notre thé au jasmin. Après l’avoir humé, Marie, encore au huitième ciel, est repartie sur les PSF.
À mon corps défendant, j’étais aussi flattée qu’intriguée d’apprendre que, pour mieux me rejoindre et faire passer son message, on lui aurait fourni des informations pertinentes sur mon parcours personnel et professionnel, les chansons que j’aime et les principaux auteurs, écrivains, musiciens qui ont compté pour moi. Pour faciliter son intégration chez nous, ils lui auraient résumé l’histoire du Québec actuel et même appris à parler québécois. On aura tout vu!
— J’ai étudié vos parlures et vos tournures de langue à la mode. J’en raffole!
— Ma foi,, je n’arrive pas à croire qu’on vous appris tout ça dans l’au-delà!
— Vous seriez surprise! Vous doutez, Solange?
— Mettez-vous dans ma peau. N’importe qui se poserait des questions…
— C’est sûr! Mais vous êtes pas isolée dans l’inconfort. J’suis entrainée à répondre aux vœux des autres, c’est malaisé de vous demander d’exaucer le mien.
Bon, au moins on était deux à être débalancées! Je ne le crierais pas sur les toits, mais je commençais à ramollir et à rêver en couleurs. J’ai imaginé que mon conte de fées préféré se réalisait à travers ce projet qui me tombait dessus sans crier gare.
Comme dans la chanson d’Aznavour, « J’m’voyais déjà en haut de l’affiche…», mon corps nu ‘photoshopé’ de dos. On me célébrait pour avoir osé montrer mes fesses comme Dany Laferrière sur le poster de ‘Comment faire l’amour avec un Nègre sans se fatiguer.’ Cette excentricité me valait un passage remarqué à ‘Tout le monde en parle’ où l’animateur me présentait comme « une écrivaine méconnue qui vient de publier un roman hallucinant, un mariage croustillant entre Allô Vedettes et La vie des saints dans un style inimitable. » Je me régalais d’avance de la flopée d’admirateurs faisant la queue pendant des heures au Salon du Livre pour avoir ma dédicace et j’imaginais la critique du Devoir culminer sur cet éloge que j’attendais depuis 30 ans : « Enfin, une auteure avec qui le Québec devra maintenant compter! »
Malgré toutes ces prévisions électrisantes, devoir me soumettre à une autorité restait une beurrée difficile à avaler. Mon aversion n’avait pas dit son dernier mot. Si nous étions en désaccord sur la manière de rapporter les faits, est-ce que ça causerait des frictions entre nous? Et si je devais témoigner de choses pas très catholiques que cette martienne avait vues ou faites dans mon village, est-ce à moi qu’on jetterait la première pierre? Ces hypothèses me traversaient l’esprit comme autant d’éclairs précurseurs d’un orage fatal.
En réalité, j’avais la nausée juste à l’idée de pondre un autre manuscrit qui frappe des murs ou qui tombe dans le vide. Cette fois, je ne me relèverais pas de ma honte. Ou je resterais collée au fond de mon désespoir ou je serais avalée tout rond par ma hargne ou je me jetterais aux poubelles parce que je me haïssais trop.
Marie avait-elle senti mes réticences? Elle s’est approchée et m’a prise par la main.
— Allez, Solange! Le timing est super. Y’a des places où on peut pas aller tout seul…
La chaleur inhabituelle qui se dégageait de sa voix et de son geste m’a retournée comme un gant. Ma nuque, raide comme un poteau de danseuses, s’est détendue d’un coup et ma tête s’est reposée en douce sur mes épaules.
Soudain, j’ai vu mon Prince aux cheveux argenté se lever de sa chaise… et se diriger vers notre table. Victoire! Mais non, il m’a salué brièvement de la tête -j’ai à peine eu le temps de voir qu’il avait les yeux gris- puis il s’est penché vers Marie avec un sourire désarmant:
— C’était sympathique de vous voir chanter avec cette enfant et de chanter avec vous, merci!
Ses joues ont pris feu et elle a baissé les yeux :
— Bienvenue c’est moins que rien.
Il a effleuré son épaule de sa main puis il a continué son chemin à grandes enjambées, sans un autre regard pour moi. Ouch! Pour cacher son embarras notre sainte, pas si Nitouche que ça, a repris notre conversation comme si de rien n’était. Mortifiée, je n’avais pas plus envie qu’elle de m’étendre sur le sujet.
Pour couronner le tout, Marie m’a offert des conditions de travail qui auraient fait l’envie de mes collègues. Je n’aurais pas à me déplacer (parfait!). La montagne viendrait à moi dès le début mai (incroyable!). Je bénéficierais de tous les droits d’auteur (wow!). Aucun délai de rédaction (super!). Et les échéances pour les chroniques que je devais remettre au magazine ‘L’air du temps’ seraient respectées (ouf!).
Elle me réclamait par contre une discrétion absolue sur notre travail, sous prétexte que les commentaires de mes proches pourraient le biaiser. Cette restriction, que j’ai vite interprétée comme un manque de confiance envers moi, m’a déplu. Je lui ai dit que j’aurais aimé parler de tout ça librement à qui je le voulais bien. J’ai ajouté que j’avais peur de ne pas trouver de lecteurs pour ce genre d’ouvrages qui discréditent souvent leurs auteurs et prêtent flanc à la critique.
Après avoir fait quelques simagrées abracadabrantes au-dessus de son biscuit chinois, d’un ton solennel, Marie a fait mine de lire le message qui y était caché.
— Ôôôh, Solange, les bonzes chinois ont daigné vous répondre : ‘Quand le livre est prêt… le lecteur apparaît! ‘
Sa drôlerie aurait pu me faire flancher. Mais je me sentais comme un câble tiré par deux équipes de souque à la corde. D’un côté, la possibilité de devenir une écrivaine renommée et de rassasier ma soif de sublime. De l’autre, ma volonté d’y arriver sans l’appui d’une célébrité si spirituelle soit-elle, ma crainte de passer pour une groupie sans cervelle sur Facebook ou d’affronter mon ex, un digne représentant des Sceptiques du monde entier.
Avoir su que je plongerais dans une expérience humaine profonde et non dans une simple aventure littéraire, j’aurais préféré me faire écrabouiller par un 18 roues en rentrant chez moi.
Je viens de relire les deux chapitres que tu as retravailler Denise et ca fait une belle difference. Introduire ces deux personnages amene une ouverture interessante, ca inclut, implique le monde autour, des interactions sociales que je peux reconnaître et ce que ca produit comme réactions chez Solange… Ca aussi je le reconnais. Ca donne du concret, une belle incarnation de ce dont parle Marie. Je reste avec une impression d’ouverture. Bravo ! C’est inspirant de voir le travail que tu y mets et le résultat que ca donne
Merci de me dire la différence que ça fait pour toi Joanne!
« Ca donne du concret, une belle incarnation de ce dont parle Marie. Je reste avec une impression d’ouverture. »
Yesss! :)!
Denise
L’intrigue s’intensifie. Marie exprime ses vérités sans filtre. Solange est attirée par la suite des choses tout en se projetant dans le futur en se voyant recevoir un prix littéraire. Parallèlement elle commence à fondre et à se laisser toucher par autant de transparence. Elle est également étonné devant un tel magnétisme qui émane de Marie. La leçon qu’on peut en retirer c’est que l’authenticité c’est ce qu’il y a de plus attirant. Va-t-elle se faire piquer son renard argenté?? J’aime l’intrigue et j’ai hâte de connaître la suite.
Merci de tes commentaires Jean, c’est intéressant de voir comment tu résumes ce que Solange vit et rencontre :)!
Et pour la leçon ça me fait plaisir qu’elle soit si claire pour toi: ben oui l’authenticité c’est tellement attirant!
Bonne suite …
Denise
Elle est mystérieuse Marie, surprenante, même déstabilisante avec sa manière de s’exprimer, déstabilisante parce que j’ai besoin que mon cœur soit ouvert pour toute la recevoir! Et quand j’y arrive, ça me sort joyeusement de mon contrôle!
Je résonne au bout à l’ambivalence de Solange, sentir son élan profond puis s’en couper pour toutes sortes de raisons qui ne tiennÇa ressort très fort dans ton écriture Denise. Puis encore une fois, c’est fou car c’est un personnage, mais je reçois l’amour de Marie! Quand elle réconforte Solange avec un geste, c’est doux, émouvant, je l’apprécie.
J’aime ton humour, comme le passage où Solange fantasme sur la popularité que va lui apporter le livre qu’elle va écrire avec Marie.
J’apprécie le moment où Marie nomme qu’elle aussi à un malaise, demander de l’aide pour exaucer son rêve. J’aime ça qu’elle soit incarnée, qu’elle ne soit pas parfaite.
Puis c’est doux le moment où Solange demande à Marie c’est quoi son désir grand D. On dirait qu’à ce moment là, l’atmosphère change, que tout s’arrête pour un instant.
« On aurait dit que l’air autour d’elles était devenu chaud et liquide et notre banquette émeraude scintillait tel un bijou. Le grand cœur échevelé se lançait-il dans la décoration intérieure ou la serveuse du Dragon Vert avait-elle mis des champignons magiques dans mon pad thaï? À moins que mon sorbet baptisé par la salive de Marie commence à faire effet… »
Je reconnais le regard amoureux qui change tout ! Que c’est bon quand on se retrouve dans cet état !
Merci Denise pour ton roman, encore une fois, j’ai hâte de lire la suite !
Merci MC c’est bon d’avoir ton son de cloche, ce qui te touche, ce que tu apprécies et ce qui te fait réagir.
» Et quand j’y arrive, ça me sort joyeusement de mon contrôle! »
Super!
« Je reconnais le regard amoureux qui change tout ! Que c’est bon quand on se retrouve dans cet état »
En effet ça change tout autour :)!
Bonne suite…
Denise
Je viens de finir de lire ton dernier chapitre Denise. Oh que je me reconnais dans Solange encore plus… J’avance avec elle. Mon empathie pour elle grandit et je trouve que tu as réussi à créer l’équilibre parfait plus ton roman avance. L’équilibre entre son désir de s’ouvrir et de ses vieilles défenses qui ressurgissent. Humm..
Ça coule. C’est fluide. C’est travaillé et ça se sent. En tout cas, moi je peux dire que mon expérience de lecteur est agréable. Je me suis senti encore plus dans mon corps en lisant. C’est comme si Le rythme que tu as créé commence vraiment à couler dans mon corps… c’est comme une joie qui m’habite quand jembarque dans la danse de ces deux femmes.
Ah oui, Cette fois ci je me suis permis d’imprimer le chapitre sur papier. Quelle différence!! Moi qui aime encore trop le papier pour mes petits yeux fragiles… ;)!!
Et Encore une fois j’ai le même sentiment qui m’habite à la fin. J’ai hâte de lire le prochain chapitre :)!!! Hihihi….
Bravo Denise.
Merci Gian, j’aime lire que ton expérience de lecteur est agréable, que c’est une joie pour toi d’embarquer dans la danse de ces deux femmes et que ton empathie pour Solange grandit :)!
« Tu as réussi à créer l’équilibre parfait plus ton roman avance. L’équilibre entre son désir de s’ouvrir et de ses vieilles défenses qui ressurgissent. »
Tant mieux, comme tu le soulignes j’y travaille un peu, beaucoup, à la folie.
Mais à un moment donné l’équilibre va basculer. Dans quel sens? Mystère et boule de gomme…
Je te comprends de préférer le lire sur papier.
Le 5ième chapitre s’en vient demain alors tu n’attendras pas longtemps pour lire la suite 🙂
Denise
Je ne sais pas quoi penser du livre mais en ce qui concerne les dessins, j’adore.
Merci Irène!
C’est peut-être signe qu’on ne peut pas classer ce livre dans nos cases mentales habituelles.
Et ce n’est pas nécessaire de savoir quoi penser pour se laisser porter par l’histoire.
Denise
Pleine de vie , ouverte aux autres , sans gène mais Marie a quand même besoin de Solange et vice versa . Cette Solange qui a besoin de Marie et est aussi le besoin de Marie . Ça me touche, quand je ne me sens pas adéquat , j’ai l’impression que je ne suis utile à personne . Je trouve cela de plus en plus amusant d’entendre les réponses de Marie et m’amène à me prendre un peu moins aux sérieux . J’ai hâte aux chapitre 5
Pierre Marc
C’est un livre qui me colle à la peau!!! Qui me fait un bien fou…..je m’y dépose!!! L’histoire me rejoint me nourrit. J’adore les personnages
Merci Jocelyna, je suis contente de voir le bel effet que cette histoire et ses personnages te font :)!
Denise
Bien sûr que Marie a besoin des autres Pierre-Marc, le besoin des autres est un incontournable chez nous les humains :)!
« Ça me touche, quand je ne me sens pas adéquat , j’ai l’impression que je ne suis utile à personne . »
Merci pour cette remarque Pierre-Marc, tu n’es pas seul à te sentir comme ça!
En fait quand on se sent inadéquat, c’est une invitation à laisser entrer plus d’amour, à découvrir du nouveau et à recevoir des autres, de la vie etc. C’est fait exprès comme dirait Marie:)! Si tu lis mon dernier blogue sur comment être hot, cool, etc sans forcer du nez, tu verras comment ça peut devenir un espace créateur.
Je suis contente que les réponses de Marie t’aident à te pendre moins au sérieux, ça aussi c’est fait exprès:)!
Denise
P.S Pierre-Marc en fait quand on veut créer quelque chose qui dépasse notre petit moi habituel ou notre identité familière, c’est essentiel d’accepter d’avoir besoin des autres sinon on n’y arrivera pas.
Et se sentir inadéquat c’est parfait, c’est notre vieille identité qui se sent inadéquate alors si on l’accepte, ça l’enlève du chemin et on peut recevoir des pistes et du soutien de tout et de tous.
Denise
Je trouve vraiment l’fun la dynamique qui s’installe dans la relation entre Marie et Solange et comment elles ont besoin l’une de l’autre pour avancer. Autant Solange y résiste et elle souhaiterait y arriver toute seule à cette « gloire » autant on sent qu’elle s’y ouvre petit à petit. Et pour Marie, ça m’a émue de lire que l’incarnation terrestre n’était pas son premier choix mais qu’elle a quand même eu vite envie de profiter de son passage parmi les humains au maximum, sans jugement.
J’adore l’expression de Marie : « Ça m’a enlevé une épine de la couronne de stress. » Et celle-ci : « … oui, mais mes craintes étaient pas parties fumer ailleurs. » Et encore celle-ci : « Ranimer la batterie de l’inédit pis la flamme du cœur… ». Et : « J’ragoûte pas de l’incarnation au fond des ruelles . »
La bonhommie bienveillante de Marie continue à me faire des clins d’œil tout chaud au cœur ☺ Merci ! J’adore l’épisode des deux baguettes chinoises qui ne peuvent rien faire l’une sans l’autre. J’apprécie la façon dont Marie s’exclame : « J’ai jamais été gâtée d’un biscuit chinois. »
Dans la scène ou une personne de la table derrière échappe et casse un verre sur le sol, le contraste entre la réaction de Marie et celle de Solange est fascinant. Pendant que Marie dit : « J’espère que l’homme derrière s’est pas zigouillé quelque chose ! », Solange se demande comment il allait réagir à sa « gaffe ». Même réalité. Deux perspectives. Dans mon corps, je sens la différence entre les deux. Le propos de Marie crée de la compassion et de la douceur alors que celui de Solange, accusateur, crée une crispation. Intéressant !
Je trouve beau aussi la scène ou Ting-Ting « … s’ouvrait à son contact comme un tournesol au soleil ». Wow, c’est tout le bien que nous pouvons faire aux autres, même aux inconnus, en étant présent en connecté!
Encore un autre contraste qui me frappe. Pendant que Marie voit en Ting-Ting : « … cette belle jeunesse de Chine », Solange pour sa part est éteignoir avec sa réflexion « .. mais on voit qu’elle n’avait jamais entendu parler de Mao Thé-Toung et de ses gardes rouges. » Voir avec les yeux de l’innocence et de la bienveillance plutôt que ceux de la prétention et du désabusement… ça me donne envie de m’exercer à la première option !
Et pendant que Solange, pleine de jugements, voit en Simone « Mon doux qu’elle faisait vieillotte cette Simone bien en chair dans la soixantaine ! Avec son chignon à l’ancienne et son veston-pantalon en fortrel brun qui faisait saillir sans gêne ses bourrelets, j’aurais juré qu’elle faisait partie du Cercle des fermières du coin. », Marie de son côté, en prenant sa main lui dit : « Vous gonflez mon bonheur !» Wow, ça me titille le cœur !
J’ai trop ri quand Solange part en peur et s’imagine déjà faire les grands titres et passer à Tout le monde en parle et rêve de la popularité que Marie pourrait lui procurer.
Bien hâte de lire la suite !
Merci Eugénie!
« Je trouve vraiment l’fun la dynamique qui s’installe dans la relation entre Marie et Solange et comment elles ont besoin l’une de l’autre pour avancer. »
Comme dirait Marie » c’est fait exprès ».
Et oui le contraste entre les deux est frappant, chacune représente un univers différent. On va voir s’ils vont finir par se rejoindre :)!
C’est amusant de voir les expressions de Marie qui te frappent et ce qui te faire rire.
« Wow, c’est tout le bien que nous pouvons faire aux autres, même aux inconnus, en étant présent en connecté! »
Je suis contente de voir comment ça t’inspire et ça titille ton coeur:)!.
Denise
Ce qui vient me chercher le plus dans ce chapitre c’est ce qui se passe entre Solange et Marie quand Solange vit des émotions secrètes ou enfouies Marie les ressent et touche Solange. On sent le courant qui passe. On a envie de s’arrêter avec elles.
Comme: « Ce sont vos cahiers-bouées et la flamme de votre désir grand D qui m’ont allumée .… Elle m’avait vue autant dans mon désarroi d’enfant que dans mon amour précoce de l’écriture! »
Et : « Marie avait-elle senti mes réticences? Elle s’est approchée et m’a prise par la main. Allez, Solange! Le timing est super. Y’a des places où on peut pas aller tout seul…La chaleur inhabituelle qui se dégageait de sa voix et de son geste m’a retournée comme un gant. Ma nuque, raide comme un poteau de danseuses, s’est détendue d’un coup et ma tête s’est reposée en douce sur mes épaules. »
J’aime les contrastes entre les deux personnages. C’est beau comment Solange tout autant elle veut briller, veut y arriver seule, juge, a peur du ridicule, veut tellement réaliser son désire grand D. Ça me rejoint! On sent comment elle est tiraillée et prise au piège et elle est tellement drôle : « Avoir su que je plongerais dans une expérience humaine profonde et non dans une simple aventure littéraire, j’aurais préféré me faire écrabouiller par un 18 roues en rentrant chez moi. »
Et Marie qui s’abandonne tant et wow! quand elle dit à Simone « Vous gonflez mon bonheur!…On aurait dit que l’air autour d’elles était devenu chaud et liquide »
Pis ça m’a fait frisonner quand elle chantait et : « Tout à coup, j’ai entendu la voix d’une enfant se joindre à celle de Marie.…»
J’aime comment elle se dévoile plus dans ce chapitre. C’est touchant :
« Mais vous êtes pas isolée dans l’inconfort. J’suis entrainée à répondre aux vœux des autres, c’est malaisé de vous demander d’exaucer le mien. »
et que son désir est de « Retrouver les miens dans l’azur. »
et « C’était pesant sur mes épaules…»
et « On s’en va dans l’inconnu c’est pour ça qu’y faut se tenir. Sinon on est défaites.»
« quand le livre est prêt… le lecteur apparaît! » :))! Très inspirant.
Je reste avec de la douceur et de la tendresse en lisant ce chapitre.
Merci et à bientôt!!!
Merci Marie!
« Ce qui vient me chercher le plus dans ce chapitre c’est ce qui se passe entre Solange et Marie quand Solange vit des émotions secrètes ou enfouies Marie les ressent et touche Solange. On sent le courant qui passe. On a envie de s’arrêter avec elles. »
Ah! c’est l’fun que tu fasses ressortir cet aspect-là de leur lien, leur contraste aussi.
« J’aime comment elle se dévoile plus dans ce chapitre. C’est touchant »
Oui Marie se dévoilera de plus en plus pour faire tomber le fardeau du sans-faute et fondre le vernis du faux-pur. Vous ne perdez rien pour attendre :)!
Je suis contente que ce chapitre te laisse avec de la douceur et de la tendresse.
Denise
Denise, je ressors de ce 4e chapitre rassasiée comme après un repas copieux. C’est touchant de voir que Solange a une longue histoire avec l’écriture, depuis son enfance, et qu’elle avoue en tremblant à Marie qu’elle a vu juste en lui disant que ce vœu lui avait glissé du cœur. C’est inattendu de voir cette Marie avec un désir Grand D elle aussi : retrouver les siens dans l’azur. Ça ne ressemble en rien à la Vierge de nos enfances! Mais l’entendre dire à Solange qu’elle a besoin d’elle pour le réaliser me bouscule encore plus. En ce sens, le passage sur les baguettes chinoises est réellement une trouvaille. Tu as ici humanisée une Marie qui ne parle pas tout à fait le langage des humains, qui se trémousse dans l’allée du resto en chantant du Béart, qui parle de notre sirop d’érable sur nos beans en riant tout en parlant en même temps de mots-élixirs et d’écriture amoureuse, c’est un personnage déjà complexe, inclassable, du jamais lu! Je compatis au combat intérieur de Solange à la fois attirée par elle et l’envie de foutre le camp et de la planter là, quitte à se faire écraser par un 18 rues en retournant chez elle. De chapitre en chapitre, tu épaissis le suspens. Bravo pour ¸ca Denise! On est accrochés, on se dit : bon Dieu, qu’est-ce qui va leur arriver? Et on salive en attendant la suite…
Rassasiée après un repas copieux? Je pourrais peut-être le vendre dans la section Diète :)!
C’est vrai que Marie ne ressemble en rien à la Vierge de nos enfances. Comme elle dirait, c’est fait exprès!
Je me rappelle comment j’ai moi-même été surprise quand l’idée des baguettes chinoises m »est venue. Je suis toujours certaine au départ que je ne trouverai rien mais je me mets au travail quand même et quand ça vient, j’ai juste le goût de tomber à genoux pour remercier la muse des causes perdues :)!
« Tu as ici humanisée une Marie qui ne parle pas tout à fait le langage des humains, qui se trémousse dans l’allée du resto en chantant du Béart, qui parle de notre sirop d’érable sur nos beans en riant tout en parlant en même temps de mots-élixirs et d’écriture amoureuse, c’est un personnage déjà complexe, inclassable, du jamais lu! »
Ah merci, de me la faire voir comme ça Denise, avec tes yeux d’écrivaine..
« On est accrochés, on se dit : bon Dieu, qu’est-ce qui va leur arriver? Et on salive en attendant la suite… »
Comme tu le sais, elles ne sont pas sorties du bois, elles y entrent à peine…
Denise
J’ai adoré ce chapitre! Je l’ai lu d’une traite! Comme accroché, J’ai comme découvert une autre couche de Marie qui m’a touchée. Son personnage s’est approfondi pour moi dans ce chapitre. Surtout à partir de la section où on découvre que c’était pas son premier choix de venir dans l’humanité. Encore dans ce chapitre, tous mes sens sont interpellés. C’est vraiment l’fun. J’ai aimé la section avec la chanson « la petite est comme l’eau » la chanson roulait dans ma tête. Ça berçait ma lecture.
Ça donne tellement envie de vivre ma vie comme Marie. Elle est vraiment inspirante!!
Aussi, j’ai compris davantage par la dernière phrase du chapitre, que Solange veut vraiment rien savoir d’une expérience humaine au début du livre. Ça aussi ça me permet de mieux saisir ce personnage. Elle ne veut que du glam!
Hâte à la suite!
Merci JF c’est réjouissant de voir que tu accroches comme ça, que tous tes sens sont interpellés et que ça te donne le goût de vivre comme Marie:)!
Plus on avance plus on découvre des couches profondes des personnages. Tu vas les voir se révéler et évoluer au contact l’une de l’autre.
Et oui Solange cherche du glam, on va voir où ça va la mener….
J’ai beaucoup de plaisir à lire cette histoire ,je suis déjà attachée aux personnages et leur différente personnalité . C’est comme un cadeau de recevoir la suite dans mes courriels. Merci pour ce plaisir partagé.
P.s. J’adore vos dessins ✨
Bienvenue et merci pour tes commentaires Marie!
Je suis contente de savoir que c’est comme un cadeau pour toi de recevoir ces chapitres, que tu t’attaches aux personnages.. et que tu aimes mes dessins :)!
Au plaisir
Denise
Je trouve cela difficile de lire un livre par tranche. Je n’ai rien d’une critique littéraire et je me sents incompétente à commenter des extraits, malgré le fait que je reconnaisse certaines formulations pétillantes.
C’est drôle Irène, c’est justement ce que j’étais en train de me dire que ça ne devait pas être évident pour les gens de lire un chapitre comme ça aux 2 semaines sur internet et de commenter alors je te comprends, je mets ça dans ma pipe :)! Merci de me l’avoir dit .
Denise
« Ça m’a enlevé une épine de la couronne de stress » m’a fait craquer et sourire avec plaisir.
« Vos cahiers-bouées » … J’aime beaucoup cette expression.
« C’est pas votre souhait en solo qui peut être rassasié par l’alliage de nos coeurs, le mien aussi. »
J’ai relu quelques fois cette phrase, on dirait qu’il manquait un « juste » ou un « Ce n’est pas que » ou « que » » devant « votre souhait » ? Là je la relis et ça fait du sens. Bon ben ça m’a pris du temps ! C’est intéressant le en solo… Il rentre là !! ☺ J’aime beaucoup finalement, comme poétique. Et je trouve ça drôle que ça m’ait pris du temps à catcher que c’était voulu comme ça… Pas un hasard !!
« Réels magiciens.» J’adore.
« On s’en va dans l’inconnu c’est pour ça qu’y faut se tenir. Sinon on est défaites. »
Bien d’accord avec Solange que Marie a des exemples pas piqués des vers…des exemples percutants d’efficacité en plus d’être drôles. Je sens ses phrases travailler, continuer à faire du sens et à créer un espace en dedans.
Dans ce chapitre, Marie annonce à Solange qu’elles se dirigent vers l’inconnu. La table est si bien mise qu’une impression d’être déjà entrée dans cet espace m’habite. Comme un décollage tout en douceur. C’est très agréable comme feeling. La douceur, « l’humanité » de Marie, son intérêt pour les autres sont réconfortants. Je me sens nourrie et prête à les suivre. Merci Denise.
Merci Joanne pour tes réflexions sur « en solo », pour avoir pris le temps de voir ce qui était là pour toi et de souligner les expressions et passages qui te font sourire ou que tu aimes.
En fait Marie n’aurait pas pu dire « ce n’est pas que votre souhait… » ça ne collerait pas avec son parler atypique.
Ça été tout un défi et un travail de prendre notre langage habituel et de le traduire ainsi mais j’ai eu beaucoup de plaisir à le faire.
Merci pour ton expression » un décollage en douceur » je ne l’avais pas vu comme ça mais ça fait du sens et je suis contente de voir l’effet que ça produit sur toi .
Denise
J’ai eu la même réflexion que Joanne, Denise. Moi aussi je trouvais qu’il manquait un mot dans cette phrase. J’ai du relire plusieurs fois pour comprendre. Ton explication fait bien du sens!