Petit conte pour adultes consentants

Dernièrement, j’ai rencontré une couple de participants insatisfaits, frustrés de ne pas obtenir ce qu’ils voulaient. En acceptant l’échec de leur tentatives  de contrôler la vie,  ils ont pu sentir dans leurs tripes ce qu’ils désiraient réellement.

C’était la même chose pour les deux : que ce soit doux en dedans.

Ils pouvaient bien être constamment insatisfaits, ils couraient après le pouvoir et la gloire alors qu’ils avaient besoin d’amour.

Si vous avez remarqué, on n’a jamais assez de ce qu’on n’a pas vraiment besoin… Autrement dit, si vous avez faim, quand bien même vous iriez faire pipi 10 fois, vous allez encore avoir faim!

Alors j’ai pensé vous envoyer ce conte, tiré de Bungee, Vibrato et Tango, qui résume ce passage du trou sans fond au doux sans bon sang.

Petit conte pour adultes consentants

À l’aube de ma vie, dans le ventre de maman ou dans mon petit lit

Un trou, comme un appel, dans mon corps si frêle, si petit

Il n’y a personne. Il fait noir. Soif de réconfort, de chaleur.

Besoin de peau, de bras, de battements de cœur.

On a coupé le contact, j’me sens si seul, j’ai peur.

Je gazouille, me tortille, lance quelques torpilles. Je pleure.

Toujours personne pour me tenir compagnie, voyons donc !

J’augmente le son, je change de ton, je mets plus de pression

Oh, oh, quelqu’un à l’horizon!

Au secours, je sens de vilaines vibrations !

Vite ! Ratatinons et faisons quelques ronrons sans façon…

Ouch ! Ça fait peur, ça fait mal cette voix fâchée, ce gros NON!

C’est comme un coup de canon.

Mieux vaut filer doux et oublier les mots doux…

Et voilà que cette histoire se reproduit et fait des dégâts

Trahisons, incompréhensions, abandons, en veux-tu en v’là !

Je dois faire de plus en plus de faux ronrons et j’aime pas ça!

En tout cas, c’est comme ça que je vis ça et pas moyen de me sortir de là.

Comment peut-on me faire ça! Je fulmine, me révolte, j’le prends pas!

Mais le trou, le manque est toujours là.

À la fin, j’me décourage, je ferme boutique et m’plante là

J’veux plus rien savoir de vous et vous aurez plus rien de moi, na !

J’ai plus besoin de vous et je n’veux même plus de moi

On ne me la fera jamais plus celle-là! Y’a plus personne qui va me blesser!

Je mets un scorpion à l’entrée et à la sortie, drette-là !

Pour faire fuir ma souffrance, mon vide et faire le vide autour de moi

Y’a plus personne qui va venir proche de moi

Même pas moi !

R’gardez-moi ben  aller, vous allez voir, j’suis pas si p’tit que ça…

En dedans, à mesure que grandit mon trou sans fond…

J’le remplis de parades, de faux bonds et de faux bon

Et je me fais croire que je n’suis que ça

J’oublie que j’suis plus beau, plus grand que ça

Plusieurs années plus tard, sur Saturne ou dans les Maritimes…

Je suis autosuffisant, suffisant, c’est pas d’la frime

J’ai pas besoin de personne, j’achète tout en prime

Mon besoin de doux, de chaud, de quelque chose de libre et d’intime ?

Enterré, tout plissé, desséché, depuis des lunes

Comme un vieux noyau de prune.

Et voilà que je rencontre quelqu’un d’aimant, ô béatitude, ô déshabitude !

Ô mon Dieu! le ou la voilà, celui ou celle qui brisera ma solitude

Je recommence à sentir le besoin de chaud, de bon, de doux…

Ho là! Danger à l’horizon ! J’étouffe tout, j’enterre ça, je me fous de tout.

Pas question d’avouer ça, encore moins de montrer mon côté minou, minou

C’est cucu, toto, bébé et ça sent pas bon, pfiou !

De quoi j’aurais l’air, si on riait de moi, si on n’en voulait pas

Faut pas aller là, pas toucher ça, je suis dans de beaux draps!

Mais, quoi faire avec ce besoin qui crie famine dans ma poitrine ?

Vite, sortons notre scorpion pour ne pas tomber dans l’abime

Merde ! J’angoisse tellement à m’étouffer comme ça, je n’ai pas le choix

Prêt ou pas prêt j’y vas, je fonce dans le tas, j’ouvre les bras

Au secours, je m’écroule, je coule à pic, je me noie

Je suis tout étourdi, abasourdi, démuni, je me sens tout petit

Et si je perdais la raison, ma position, mon scorpion

Trop tard, je plonge…

Et ben ! j’aurais jamais cru ça !

Une tasse de honte, un char de rage, une pincée de peur, un bol de douleur, une pelletée de colère, de la peine en vrac…

Et…ça ne fait plus mal déjà !

Adieu vieille carapace, je repars à zéro

Me voilà au fond de moi

C’est tout tapissé de doux, de fort, de beau dans mon nouveau bateau

J’suis au chaud, bien dans ma peau

J’entends les battements de mon cœur, je n’ai plus peur, je fonds sous la langue

C’est bon ce plongeon tout au fond, j’en redemande…

Tu peux approcher, m’aimer, y’a pas de danger, j’suis libéré

Vive l’amour libre et les nouveau-nés !

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