Un participant me demandait dernièrement comment faire la différence entre les moments où il anime ses ateliers à partir de son ego et les fois où il est dans son cœur.
Quelle belle question !
Voici d’abord ce que j’entends par l’ego ou le mental isoloir.
C’est la part de nous, friande de contrôle, de compétitions, de drames, d’illusions, d’insatisfactions, de résistances et de séparation, qui va à l’encontre du flot de vie, d’amour et d’inspirations de notre vraie nature.
Comment ? En le coinçant et l’étouffant dans ses luttes, ses fermetures, ses ressentiments, ses jugements, ses cercles vicieux, ses complications sans fin et ses peurs en série. Ouf !
Oui je sais, c’est pas jojo, c’est pour ça qu’on le garde dans notre angle mort et qu’on s’arrange pour ne pas regarder dans ce coin là ! Humm, vous savez ce qui arrive quand on oublie de regarder dans son angle mort…
Pour le décrire, j’utilise souvent cette image : l’ego c’est comme une crampe au mollet et notre vraie nature c’est le mollet.
Comme une crampe, l’ego est plus ou moins intense, il nous fait mal, il nous empêche de jouir de la vraie nature de notre mollet et il est coupé du réseau vivant de notre corps.
En plus, il n’a aucune substance propre : sans le mollet la crampe n’existe pas, par contre, le mollet existe tellement mieux sans la crampe !
Mais rien ne sert de le juger, le rejeter ou lutter contre lui car il tient notre beau mollet en captivité dans ses poings et ses mâchoires serrés.
Le hic, c’est qu’à force de se crisper contre ce qui nous arrive et nous habite, on se prend pour la crampe et on rejette le mollet. On le craint même. Ouch !
C’est que l’ego veut prouver qu’il peut s’arranger tout seul, qu’il n’a pas besoin du mollet, qu’il est sans faille (sans mollet quoi, parce qu’il le trouve trop mou à son goût !).
Alors, quand on n’est pas assez parfaits ou forts, c’est-à-dire pas assez bien crampés à ses yeux, il nous inonde de reproches, nous jette aux poubelles et on se sent moins qu’un mollet…
Le cœur, de son côté, inclut tout pour nourrir et faire circuler librement le flot de vie, d’amour et d’inspiration de notre vraie nature.
C’est grâce à lui qu’on peut décontracter l’ego et libérer les richesses qu’il emprisonne.
C’est un improvisateur hyper généreux et ingénieux qui embrasse tout ce que la vie lui présente pour créer des harmonies vibrantes, pleines de sang neuf, d’amour, de vérité, de beauté…
Étant donné qu’il n’a pas à prouver son existence, sa force ou sa supériorité comme la crampe, il est en paix avec la réalité présente, il peut se concentrer sur ce qui cherche à émerger de beau, bon et nouveau à travers elle et il prospère dans nos connexions avec ce qui nous habite et nous entoure.
Quand on est dans notre cœur, l’inspiration et l’action naissent d’instant en instant de nos interactions et on accès à des ressources créatrices qui nous émerveillent.
On peut s’influencer mutuellement pour notre plus grande joie car participer à l’épanouissement de l’autre, c’est participer à l’épanouissement du meilleur de soi.
Voici maintenant ce que j’ai répondu à mon participant, vous pouvez appliquer ces réponses à n’importe laquelle de vos activités
Si tu animes à partir de ton ego :
– tu vas te sentir tendu, stressé pendant ta présentation parce que tu seras préoccupé par ta performance ou ta non-performance
– tu ne te sentiras pas libre d’être toi-même, tu n’auras pas beaucoup de plaisir et tu ne découvriras pas grand’chose de nouveau
– tu vas avoir l’impression que tout est plus compliqué, plus lourd
– tu seras drainé ou vidé à la fin
– tu ne recevras jamais assez de reconnaissance pour te sentir comblé ou en paix avec ce que tu as fait
– tu vas être tracassé ou obsédé par LA personne qui ne semble pas t’avoir apprécié ou LE moment où tu n’as pas été parfait
– tu vas te sentir isolé au lieu de te sentir relié aux gens qui t’entourent et inspiré par eux.
Si tu es dans ton cœur :
– tu te sentiras en confiance, porté et nourri par un flot vibrant d’inspirations et d’amour
– ton attention sera centrée sur ce que tu peux offrir de bon aux autres et non sur ce que tu fais de bon ou pas bon
– tu vas retrouver ta liberté d’être, d’aimer, de créer et de jouer
– tout devient plus simple, coulant, léger
-tes peurs vont perdre leur pouvoir sur toi et tes actions seront beaucoup plus justes et inventives
– tu vas accepter d’avoir besoin des autres au lieu de les voir comme une menace.
– tu te sentiras proche des gens et tu n’auras pas l’impression de ramer tout seul
– tu seras surpris et réjouis des inspirations qui te viennent spontanément de tes interactions et qui t’amènent à dépasser tes capacités habituelles
– tu seras comblé, allumé et heureux à la fin même si ça n’a pas été parfait
La pratique
Quand vous voyez que vous êtes pris dans votre ego, ne forcez pas du nez et ne vous tapez sur la tête, ça ne fait que le nourrir car il raffole des luttes, des drames et des jugements.
Imaginez plutôt un coeur avec une odeur à votre goût (j’utilise un cœur qui sent la lavande avec mes participants), inspirez doucement cette odeur et imaginez qu’elle ouvre un chemin doux et chaud en vous qui va toucher ce que vous avez le besoin d’inclure ou d’aimer maintenant.
Si vous pouvez, faites mmm sur l’expiration.
Puis ouvrez-vous encore plus en respirant dans la région de votre cœur et en changeant votre discours intérieur.
Au lieu de vous demander :
Est-ce que je suis assez correct, brillant, cute, fin, beau ou bon?
demandez-vous :
Qu’est-ce qui cherche à émerger de beau, de bon et de nouveau pour tous ici maintenant ?
Vous verrez que vous vous sentirez beaucoup plus bienveillants, libres et créateurs en vous concentrant sur le bien ou la réussite du « nous » (qui vous inclut bien sûr) que sur votre seule performance.
Que le « nous » soit votre famille, vos amis, vos partenaires, c’est la même chose : quand on se relie à ce qui nous habite et nous entoure avec l’intention de participer au plus grand bien de tous, il y a de la magie dans l’air et des possibilités inespérées apparaissent.
C’est cette magie créatrice et amoureuse du coeur, que les participants du groupe d’improrelations de samedi passé ont eu la chance de vivre et de pratiquer.
De mon côté, j’ai goûté à la joie pure de voir émerger de notre synergie des inspirations inespérées et fructueuses pour tous.
Et vous comment savez-vous si vous êtes dans votre coeur ou votre ego? Vos commentaires et vos questions sont les bienvenus!
Merci Denise!
D’abord je veux te dire que tes dessins me réjouissent à tout coup. Ils sont tellement vivants!
J’adore ton bonhomme à ampoules allumées.
Ton texte est vraiment clair et fait du bien.
La différence des deux mondes est physique pour moi en te lisant.
Un monde est angoissant, sans issues, alors que l’autre coule comme un caramel.
Le caramel de toutes les possibilités 🙂
Bienvenue Marie-Paule!
Tu as raison les effets de ces deux parts de nous se font sentir corporellement.
Quand on est identifiés à l’ego on sent des malaises, des noeuds, des lourdeurs dans notre corps et quand on est dans le coeur, son caramel fait fondre noeuds et malaises pour nous ouvrir à toutes sortes de possibilités inespérées.
Denise
Tes billets ont vraiment toujours le don de me ramener à la bonne place, naturellement, sans efforts. Merci de prendre le temps de nous faire du bien 🙂
Ça me fait plaisir Samuel, et que ça te ramène naturellement à la bonne place encore plus;0)!
Denise xxx
Ça fait 2 fois que je lis ton billet d’aujourd’hui, ce matin et maintenant fin de journée et ça me fait le même effet. D’abord je suis toujours renversée de lire exactement ce qu’il me faut et ça me fait aussi réaliser à quel point j’ai encore des croutes d’égo qui m’encrassent le coeur. J’arrive à vibrer avec les autres, à vouloir contribuer à leur bonheur et à être inspirée par eux et surtout à ne pas être habitée par toutes sortes de peurs ridicules que je suis inventée et qui m’ont suivis toute ma vie. Comme tu dis ça goûte bon!!! Mais le problème c’est que ça s’en va et je redeviens crampée et avec une sale impression d’avoir ingurgité du poison. Ça goûte pas bon pantoute!!! Mais je sais maintenant grâce à toi que ce n’est que moi et que j’ai le choix de nourrir les drames ou de jouer à dédramatiser. Je pratique et je pratique et je joue de la castagnette. Un jour j’espère pouvoir en jouer comme toi.
Merci Denise xxx
Marie
Oui Marie, cet aller-retour, c’est la danse entre l’ego et le coeur qui se joue pendant un moment avant qu’on laisse aller nos crampes préférées ;0)!
Tu es sur la bonne voie. Le jeu gratuit, farfelu et spontané est tellement important pour laisser aller l’ego qui se prend très très au sérieux et qui se plaît à tout compliquer mentalement.
Merci
Denise xx
Merci Denise de ces précisions.
Pour moi quand je suis dans mon égo, je me sens fatigué, vidé, comprimé dans mon corps et c’est vrai, je cherche la bibitte… Et souvent j’ai des raideurs dans le cou et des maux de tête.
Quand je suis dans mon coeur et que j’utilise la gratitude pour m’y rendre, je me sens lè, présent, tout est parfait, je suis énergisé sans excès et je me sens libre dans mon corps et aucun mal de tête.
J’aime l’idée de la lavande pour connecter, je vais l’essayé.
Merci Denise de bien que tu me fait… et de ta générosité xxx
Pierre
Bienvenue Pierre!
C’est vrai, la connexion ou la déconnexion au coeur joue beaucoup sur nos malaises corporels, tu es bien placé pour en parler.
Qui aurait cru que la gratitude ( qui en passant est un élan qu’on ressent dans son corps), pourrait faire disparaître le mal de tête?
Denise xxx
Merci.
C’est d’une clarté et d’une limpidité exceptionnelle.
Je peux appliquer l’exemple de « faire à partir de l’ego ou du coeur » à mes présences sur scène ou le moindre de mes moments d’expression avec public petit ou grand. Et tout ce que tu nommes m’arrive exactement comme tu le décris. Ça m’est arrivé ces derniers jours alors que je n’avais pas la force de me cramper le mollet ni quoique ce soit!
C’est tellement merveilleux et simple quand l’ego prend un break!
Pardessus tout, quand ça part du coeur, j’ai envie de vivre, de célébrer la vie et de continuer à m’exprimer , j’avance, je poursuis, j’Ai envie encore et encore de partager.
Quand l’ego a pris le puck, je sors de la partie en petits morceaux de miroir éclatés, et je m’effoire avec nos petits morceaux, seule et je les regarde sans cesse en cherchant un sens qui ne fera jamais sens….
Merci Denise!
xxxx
Eva
Bienvenue Eva!
J’aime beaucoup quand tu dis: quand ça part du coeur, j’ai envie de vivre, de célébrer et de continuer à m’exprimer, j’avance, je poursuis.
C’est tellement vrai: on va beaucoup plus loin avec le coeur et on dure beaucoup plus longtemps.
Denise xxx
Merci Denise pour ces paroles réconfortantes. Je m’apprêtais à m’installer pour écrire ce matin quand je me suis mis à lire ton texte. Cela m’a fait beaucoup de bien, juste en lisant et en suivant ton exercice, j’ai senti un abandon s’installer en moi. Comme si j’avais oublié ce pourquoi j’aime écrire, ce pourquoi j’aime jouer….
C’est drôle, mais tu poses la question comment savez-vous si l’on est dans notre coeur ou ego?
Pour moi, je commence à vraiment sentir cette connexion profonde que tu m’as permis de découvrir vers mon coeur. Comme en ce moment, si je t’écris et si l’égo s’en mêle, je sens que c’est la partie de moi qui cherche à se prouver, à performer, ma tête tourne ou bien mes mâchoires serrent. Je relis 10 fois pour être sûr de ne pas faire de fautes d’orthographe…..Je perds le fil de créativité que mon coeur m’a permis de sentir. La tête continue de tourner car je sens que je ne l’accueille pas, je me juge et voilà….l’isolation de l’égo recommence.
Mais je sais maintenant que si je reste vigilant sur mon coeur, je ressens cette gratitude envers la vie, envers toi et là tout se simplifie. Toutes ces histoires inventées par mon égo se dissipent tranquillement et tout semble se déposer en moi….et « c’est parfait »….
merci encore pour tout Denise, j’essaye de suivre le chemin sans trop me questionner et de te faire confiance. Je suis infiniment reconnaissant à la vie qu’on se soit croisés.
Gianxx
Merci Gian de prendre la peine de nous faire part de ce que tu vis de différent quand tu écris à partir de ton coeur ou de ton ego.
Quand tu dis: ‘comme si j’avais oublié pourquoi j’aime écrire’, ça me fait penser que c’est justement l’amour et la joie qui vient avec qu’on perd quand on fait les choses sans que le coeur y soit.
Je suis certaine que plusieurs peuvent se reconnaître dans ce que tu vis.
Bonne écriture!
Denise xx
J’aime tellement ça Gian quand ce que j »écris vous rejoint en pleine action et fait une différence dans votre journée!
Tu as raison quand on est dans l’ego on perd les filons vibrants du coeur et on se sent isolé, sous haute surveillance et tout devient compliqué.
Merci!
Denise xx
P.S. Ben coudonc je viens de réaliser que je t’ai répondu 2 fois sans m’en apercevoir, tant mieux tu en auras plus pour ton coeur!